Le monde de la santé s’apprête à bénéficier des avancées en matière de simulation numérique. Dassault Systèmes a présenté il y a quelques semaines ses “jumeaux numériques” du cœur et du cerveau humain, destinés à faire progresser la recherche médicale et à aider les médecins à mieux comprendre et accompagner chacun de leurs patients.
L’idée, sur le papier, est simple : répliquer virtuellement le corps humain dans les moindres détails pour mieux comprendre son fonctionnement et permettre un suivi personnalisé des patients. “Si vous créez une copie virtuelle, vous pouvez alors utiliser la totalité de votre imagination pour résoudre des problèmes”, résume Steven Levine, le directeur de la modélisation humaine chez Dassault Systèmes, pour L’Usine Digitale.
De la voiture au cœur
“Nous sommes arrivés à un point où les constructeurs automobiles ne construisent plus de prototypes”, explique-t-il, alors que l’industrie se sert désormais de répliques virtuelles pour effectuer les crash tests par exemple. Et c’est de ce constat qu’est né le nouveau challenge pour le spécialiste de la modélisation et de la conception 3D, celui de “simuler la vie”, en commençant par le cœur, toujours responsable aujourd’hui d’une grande partie des décès dans le monde.
“Il s’est avéré qu’en un an, nous avons réussi à faire quelque chose que personne n’avait jamais fait”, se félicite Steven Levine. Cet outil est désormais disponible gratuitement pour les chercheurs réunis au sein du “Living Heart Project” et commercialisé auprès des compagnies pharmaceutiques qui peuvent s’en servir pour développer de nouveaux dispositifs médicaux.
Et ce jumeau virtuel du cœur semble avoir conquis tous les professionnels de santé qui ont pu s’y essayer. Concrètement, il permettra à un chirurgien, par exemple, de déterminer ce qui correspondra le mieux à un patient qui a besoin d’une nouvelle valve et d’essayer plusieurs scénarios en conditions quasi réelles, avant même de devoir procéder à une opération à cœur ouvert. Les cardiologues pourront, quant à eux, visualiser les effets des traitements et des actes médicaux sur le cœur — virtuel — de leur patient afin de choisir et d’adapter les options à leurs dispositions.
Mais la pratique est encore loin d’être courante, reconnaît Steven Levine. “Toute nouvelle procédure à deux obstacles à franchir”, explique-t-il. Elle doit s’avérer scientifiquement pertinente et financièrement viable. Si son utilité clinique n’est plus à prouver à ce stade, il faut souvent plusieurs années pour collecter suffisamment de données permettant de convaincre les compagnies d’assurance et les gouvernements de soutenir un nouveau dispositif.
Fort de ce premier succès, Dassault Systèmes a ensuite décidé de s’attaquer au cerveau, avec un jumeau numérique déjà bien avancé et actuellement en essai clinique, à Paris notamment, pour son usage dans le traitement de l’épilepsie. “Nous passons maintenant à des choses plus complexes comme l’étude des maladies neurodégénératives”, précise le scientifique.
Bientôt le corps humain entier
Et l’entreprise française ne compte pas s’arrêter là. “Nous allons d’abord nous concentrer sur les organes et les maladies les plus importants”, indique Steven Levine. Le foie et les poumons devraient ainsi être les prochains organes à être aboutis. Mais, à terme, c’est bien le corps humain dans son intégralité qui pourra être reproduit virtuellement.
Les images de cet article proviennent de https://www.plasticstoday.com
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Article écrit par Laurent CLIGNY