Source : L’Usine Digitale (article complet ici)
Trois ans après son lancement, la feuille de route du numérique en santé fait son bilan. De nombreux dispositifs ont été lancés, tels que le Health Data Hub, Mon espace santé, le SI-DEP… dont le succès doit encore être mesuré.
Présentée par l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn en avril 2019, elle avait pour objectif initial d’accompagner les professionnels dans la transformation du système de santé français et de permettre à la France de rester à la pointe de l’innovation. A l’occasion de cet anniversaire, un bilan a été fait. Résultat : il est plutôt positif.
Côté financement, deux enveloppes ont été mises sur la table durant ces trois ans : le Ségur numérique avec deux milliards d’euros destinés à accélérer la transformation du secteur bouleversé par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 et 670 millions d’euros dans le cadre de la Stratégie d’accélération santé numérique pour soutenir l’innovation.
En trois ans, de nombreux dispositifs ont été mis en place côté professionnel et côté patient. Une vingtaine de projets sont en lien direct avec la pandémie de Covid-19, qui a joué un rôle de catalyseur, parmi lesquels l’application TousAntiCovid, le système d’information de dépistage (SI-DEP), le pass sanitaire… Le développement et le déploiement de ces outils ont nécessité la collaboration entre plusieurs acteurs, tels que l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), l’Assurance maladie ou encore Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria).
En dehors du Covid, plusieurs dispositifs ont été déployés. Les professionnels de santé bénéficient désormais d’un portefeuille de messageries sécurisées (MSSsanté) pour échanger avec leurs confrères. Plus de 10 millions de messages sont changés chaque mois, contre environ deux millions début 2020. L’idée derrière ce dispositif est que les professionnels n’utilisent plus de messageries qui ne respecteraient pas les prérequis en matière de protection des données personnelles.
Côté patient, la feuille de route du numérique en santé a permis le lancement de « Mon espace santé ». Cet espace numérique individuel propose pour l’instant deux services : un dossier médical qui stocke l’ensemble des données de santé des assurés (compte-rendu hospitalier, examens médicaux…) et une messagerie sécurisée. Par la suite, Mon espace santé intégrera deux nouvelles briques : un agenda qui rassemblera les rendez-vous médicaux ainsi qu’un catalogue de services et d’applications de santé référencées par les pouvoirs publics.
Mon espace santé a vocation à remplacer le dossier médical partagé (DMP) qui n’a pas remporté de vif succès. Pour éviter cet échec, le gouvernement a décidé d’imposer la création d’un espace santé sauf refus exprès de la personne concernée. Ainsi, 65 millions de courriers et d’emails vont être envoyés aux assurés entre le 3 février et le 28 mars 2022. Sans refus de leur part dans les six semaines à compter de la réception du courrier ou de l’email, un espace a été automatiquement créé. Il est encore difficile de mesurer le succès de ce dispositif. Il faut encore attendre quelques mois pour savoir si les Français s’en sont emparé.
Le Health Data Hub fait également partie des dispositions qui ont été lancés via la feuille de route. Cette base de données regroupe les informations de plusieurs systèmes. Elle doit permettre aux chercheurs et aux entreprises d’effectuer des expérimentations. La start-up Implicity a ainsi reçu une autorisation pour utiliser ces données afin de développer un système d’apprentissage automatique pour prévenir les épisodes aigus d’insuffisance cardiaque avec hospitalisation.
Le Health Data Hub souffre d’une mauvaise publicité. Toujours hébergé par Microsoft Azure, il devrait rapidement changer de fournisseur, à en croire les promesses du gouvernement. En attendant, les craintes de transferts de données outre-Atlantique plombent ce projet.
Néanmoins, des progrès sont attendus sur plusieurs points, en particulier l’interopérabilité. En effet, l’absence d’interopérabilité entre la plupart des logiciels métiers est un défi majeur à résoudre rapidement pour que la plupart des nouveaux dispositifs fonctionnent, notamment Mon espace santé. Chapeauté par l’Agence du numérique en santé (ANS), le Cadre d’Interopérabilité des Systèmes d’Information de Santé (CI-SIS) fixe les règles d’une informatique de santé communicante dans le secteur de la santé, du médico-social et du social. Il propose des règles techniques et sémantiques aux acteurs de santé porteurs de projet devant échanger et partager des données de santé. Pour développer l’adoption de ces volets, un espace de tests est mis à disposition des acteurs pour tester leur conformité.
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Article écrit par Laurent CLIGNY