Face aux situations vécues par les clients des opérateurs dans certaines villes, la filière des infrastructures télécoms est en train de déployer un grand plan qualité. Remises à neuf de matériel, contrôles accrus durant les opérations de raccordement… Il ne s’agit plus seulement d’aller vite, mais de bien faire les choses.
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Les problèmes de raccordement des particuliers à la fibre optique en France sont une réalité, et ils ont beau être concentrés dans certains territoires (Essonne, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne…), ils ternissent sérieusement l’image de cette technologie auprès du grand public et des collectivités. Selon Olivier Corolleur, directeur général adjoint de l’Arcep, 8 réseaux de fibre optique représentant 2% du parc au premier trimestre 2022 représenteraient la grande majorité des pannes.
Mais que se passe-t-il sur les réseaux français, alors que l’Hexagone est le leader de la fibre en Europe ? Les problèmes techniques sont de deux ordres : les réseaux eux-mêmes, et les raccordements effectués par les techniciens.
Concernant les réseaux, ce sont les infrastructures vieilles d’une dizaine d’années qui posent problème. Des réseaux conçus avec une « ingénierie atypique », avant que l’Arcep ne définisse les standards actuels du plan Très Haut Débit, et dont les PM peuvent raccorder jusqu’à 1000 foyers dans une seule armoire alors que les nouvelles normes limitent ce nombre à 300. Altitude Infra est confronté à ce problème en Essonne, et XpFibre dans la banlieue lyonnaise, par exemple.
Concernant les raccordements, les pannes viennent de techniciens qui ne respectent pas « les règles de l’art » et débranchent parfois Pierre pour raccorder Jacques. Dans certaines armoires, c’est l’anarchie. « En tant qu’opérateur d’infrastructure, nous avons 6% d’échecs de raccordement, dont 70% sont dûs aux techniciens, 30% au réseau », explique David El Fassy, le président d’Altitude Infra. Pour Lionel Recorbet de XpFibre, cette situation dérive d’une « crise de croissance » liée au « nombre très conséquent de nouveaux raccordements », qui se chiffrent à 3500 par jour sur son réseau.
C’est pour répondre à ces difficultés que la filière a élaboré un plan qualité en quatre axes : labellisation des intervenants, partage des plannings d’intervention des techniciens pour pouvoir les contrôler, comptes-rendus systématiques d’intervention, et plan de remise à neuf des PM dans un état critique. L’Arcep a déjà reçu les plans de reprise d’Altitude Infra, qui représentent un investissement de 4 millions d’euros pour refaire entièrement 70 PM, et attend ceux d’Iliad et de XpFibre. Le régulateur s’est engagé à faire un suivi mensuel des engagements des opérateurs, et à le transmettre au ministre délégué au Numérique et aux Télécoms Jean-Noël Barrot.
Sur le sujet de la labellisation, ce dernier a alerté le 5 octobre, s’exprimant à l’Université du Très Débit, que l’auto-certification n’était pas une solution acceptable sur le long terme, et que la labellisation par un organisme tiers de confiance devrait prendre le relais plus vite possible. En attendant, pour éviter de mettre à l’arrêt tous les raccordements en envoyant tout le monde en formation, la filière va mettre en place une sorte de permis à un point : la certification est accordée d’office, et le technicien la perd s’il est pris en flagrant délit de malfaçon.
Philippe Le Grand, le président d’Infranum qui représente la filière des infrastructures télécoms, mise tout sur ce plan qualité pour redorer le blason de la fibre. « Il faut avoir confiance dans notre plan ! », a-t-il interpellé mardi le sénateur de l’Ain Patrick Chaize, auteur d’une proposition de loi visant à renforcer les contrôles et les sanctions vis-à-vis des opérateurs télécoms, afin de mettre fin aux problèmes de qualité de service sur les réseaux fibre.
« Chiche, lui répond le sénateur. Mais la confiance n’exclut pas le contrôle. » S’il reconnaît que « les intentions sont là », Patrick Chaize attend de voir, avant d’accepter éventuellement de retirer son texte. En attendant, il nous affirme que sa proposition de loi est dans le haut de la pile des textes à examiner au Parlement. Il pourrait l’être avant la fin de l’année.
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Article écrit par Laurent CLIGNY